lost. (conner)

Après deux heures de préparatif, je suis fin prête. Vêtue d'un costume d'amazone, je regarde mon reflet dans la glace et je pourrais presque me faire fondre. C'est mon fiancé qui sera aux anges. J'avais mis le bouquet, voulant lui en mettre pleins la vue, être la seule femme qui attirera son attention. Je l'attendais dans le hall d'entrée, lui qui était censé passer me prendre en voiture, lorsque mon portable vibra dans le creux de mon soutif. J'avais nulle part d'autre où le mettre, fallait bien que je me débrouille comme je pouvais. " Désolé bébé, je suis parti directement à la fête avec les mecs. Rejoins moi, je vais t'attendre près du feu. Je t'aime. " C'est une blague ? Furieuse, je soupira bruyamment en lâchant quelques jurons, avant de monter à l'étage demander à Chad de m'amener à la fête. C'est sans grand tact qu'il m'envoya bouler avant de se lever et de prendre ses clefs. Même si c'était tendu entre nous depuis quelques semaines il avait au moins eu la décence d'être compatissant, en me disant que ce serait mal de prendre la voiture alors que j'allais probablement finir la soirée torchée. C'est qu'il commençait à me connaître ce con. « Merci. »

Une fois arrivée à clifton forest, je descend de la voiture en le remerciant une dernière fois, même si ce dernier m'ignora avec sa gueule de bâtard légendaire. « Oh Chad, toi aussi passe une belle soirée. » Puis je claqua la porte de sa voiture en grognant. Replaçant mon costume, je pénétra à l'intérieur de la forêt, en sortant mon portable, dans l'intention d'envoyer un sms à mon fiancé, mais : aucun réseau. Évidement. Je roule des yeux en marchant vers la fête. J'entends des rires, des cris, de la musique et j'arrive même à sentir l'odeur de la beuh. Je souris, convaincue que j'allais passer une belle soirée, mais une fois sur place, je commence à douter, à paniquer. Je croise le regard des gens que je n'ai pas spécialement envie de voir, Siam, Imogen, Cody et compagnie. Ils me dévisagent, comme si je n'avais pas ma place à cette soirée. Je suis mal à l'aise, j'ai juste envie de prendre mes jambes à mon cou. Mon ancienne réputation me laissera t-elle jamais tranquille ? Je n'aurai pas dû venir. Mauvaise idée, très mauvaise idée. Pourquoi est-ce que je l'ai écouté ? Il aurait très pu s'y rendre seule et s'amuser avec ses potes, comme il le faisait en ce moment même. Le coeur lourd, je baisse le regard et je passe à côté d'eux, sentant leur regard qui m'épiait, même de dos. Au fond, ça aurait pu être pire, j'aurais pu croiser Kyle ou Conner. Ou même les deux à la fois. Ça serait l'horreur. Après quinze minutes à chercher mon fiancé, je crois le voir au loin accoutré de son déguisement d'Halloween, bière à la main. S'il avait oublié de m'informer de son costume, j'aurais passé la nuit à le chercher, son masque cachant la totalité de son visage. Souriant en coin, je m'approche rapidement de lui et je l'arrache aux gens avec qui il discutait. « Je t'ai enfin trouvé. » J'avais besoin de me changer les idées, d'oublier la rencontre que je venais de faire, le stress qui m'avait envahit quand j'ai croisé les potes de mon ex. J'attrape sa main et l'attire contre moi en le cherchant ses yeux du regard, malgré l'obscurité de la nuit et je l'entraîne avec moi plus loin dans la forêt avant de relâcher sa main. Silencieuse, je lui souris et lorsqu'il fait un pas dans ma direction, je le repousse et je le plaque contre un arbre, avant de planter mes iris dans les siens. Mes doigts dévorent chaque parcelle de sa peau sur son costume, débutant vers le bas de son ventre, remontant lentement vers son cou, mes avant bras autour de ce dernier. « Si ma mémoire est bonne, on l'a jamais fait contre un arbre.. » Je rigole doucement, avant de goûter son cou de mes lèvres, puis je lui retira son masque avec délicatesse, ayant qu'une seule envie, l'embrasser. Oublier tout le reste. Mais lorsque son masque tombe par terre, je recule de quelques pas, tétanisée. Non, impossible. « Conner ? » Je pouvais pas y croire, j'y arrivais pas. Repensant à mes lèvres sur sa peau, je me souviens avoir apprécié ce moment, ressentant des sensations différente qu'à l'habitude. C'était étrange. Je recule encore et encore. « Merde.. Je savais pas.. Je.. Non ! » Puis, je lui fais dos et je m'enfuie dans la forêt, m'enfonçant dans les arbres et la noirceur, le fuyant, comme si ma vie en dépendait pendant quelques minutes, avant de m’effondrer sur le sol, une branche m'ayant barrée la route, puis j'hurle, sans pouvoir retenir ma détresse. « Putain ! »

Lost

Bunny

La vie a repris son cours, les journées se suivent et se ressemblent. Une bonne semaine que je squatte chez Kyle sans avoir mis une seule fois les pieds dans le quartier d'Old City. Je rejette la faute sur le dos d'Elie, mais au fond c'est une autre personne que je ne souhaite pas voir. La dernière fois que j'ai vu Bunny, il faut admettre que ça ne c'est pas très bien passé... Lorsque je lui ai avoué que mes sentiments étaient toujours les mêmes qu'à l'époque, elle n'a pas bronché, je n'ai eu le droit à aucune réponse. Forcément, ce n'est pas à mon meilleur ami à qui j'ai pu parler de ces "retrouvailles", mais passer du temps avec lui m'aura au moins changé les idées. Du coup, avec ma couille, nous vivons la nuit, nous enchaînons fêtes sur fêtes, gueule de bois bois sur gueule de bois. Bref, je ne vous fait pas un dessin, on n'a toujours vécu ainsi, surtout ses deux dernières années. Je me demande d'ailleurs comment il fait pour tenir la journée en cours, car moi si je me lève avant quinze heures, c'est un miracle. Donc, autant vous dire que je n'assume pas totalement mon rôle de nouveau père. Avec la cinquantenaire qui me sert de copine, nous avons donc trouvé un accord: ce soir, normalement Elie devait sortir, mais moi je ne pouvais absolument pas manquer cette soirée halloween, ça fait trop longtemps que l'on en parle avec Kyle, du coup j'ai le droit de faire la teuf, mais après c'est finis pour minimum deux semaines. Je trouve que je m'en sors plutôt bien. Cette fête va être mémorable, car tous les trous du cul de Bristol seront présents et qu'avec ma couille on a un déguisement d'enfer: lui est un ange, moi le diable. C'est clair qu'on va réussir à chopper comme ça ! Bien que mon soucis d'ordre masculin est toujours d'actualité... Bref, nous l'avons fait notre numéro de "je suis le bien, lui c'est le mal" et ça a encore mieux marché que dans nos rêves, Kyle est d'ailleurs en train de prendre son pied dans un buisson à l'heure où je vous parle. J'enchaîne les culs-secs de gobelets de bière, je marche plus très droit et me met à sociabiliser avec tout le monde, signe que l'alcool fait effet. Néanmoins, j'évite soigneusement Cody que j'ai vu au loin. Tête de bite.

« Je t'ai enfin trouvé. »

Je sursaute au son de cette voix qui hante mes nuits. Sa main douce vient trouver la mienne et me somme de venir plus loin. Bunny. La surprise m'en fait lâcher mon verre d'alcool. C'est quoi ce bordel? Je déglutis et ouvre la bouche, afin de lui faire savoir qu'elle c'est sans doute trompé de personne. Cela veut dire que son futur mari est ici? Je cherche dans la foule et mon regard se pose sur au moins trois déguisements semblables au miens. Puis mon regard croise le siens et dans un sourire elle me tire par le bras et nous nous dirigeons vers la noirceur de la forêt. Mon coeur s'accélère, c'est trop beau pour être vrai ! Nous nous arrêtons, j'avance vers elle, dans l'optique de chasser une mèche de ses cheveux, mais lorsque cela est fait, elle me pousse brusquement contre l'écorce d'un sapin géant. Je lâche un rire nerveux, étonné de voir que Bunny prend autant d'initiatives à présent. Ses doigts fins se glissent sous ma chemise noire qu'elle défait aisément de mon pantalon. Ses mains courts sur le haut de mon corps, la fraîcheur de celles-ci me secoue d'un frisson agréable. Ses lèvres viennent se poser dans mon cou, sa langue vient goûter ma peau, ma respiration s’accélère, tandis que mon intimité se durcie.

« Si ma mémoire est bonne, on l'a jamais fait contre un arbre.. »

Euh... Je bloque immédiatement. Aurait-elle oublié notre escapade en montagnes? Non, je crois que ma première crainte était fondé: ce n'est pas moi qu'elle souhaitait ramener ici. Je l'aurais bien repoussé, mais ses baisers me rendent fou, elle est en train de laisser des traces dans mon cou, mais je m'en fou, cette bouche m'avait tellement manqué ! Dans un rire elle recule et c'est à ce moment qu'elle laisse tomber mon masque. Derrière, il y a moi, la bouche grande ouverte, car je suis le premier à être choqué par ce qui vient de se passer, en gage de défense, je lève mes deux mains dans les airs, alors que la blonde murmure mon nom avec incompréhension.

- Alors je rectifie: Oui, nous l'avons déjà fait contre un arbre et oui, je suis pour le refaire !

Un con est un con et malheureusement c'est un trait de caractère qui ne change pas facilement, pour le coup, j'aurais mieux fait de fermer ma gueule, mais je n'ai pas pu m'en empêcher. Je rigole nerveusement de ma connerie et la blonde se met à cafouiller des excuses qu'elle ne doit qu'à elle-même. Je fais un pas vers elle, main tendue en avant, mais Bunny tourne les talons et prend la fuite en courant. Je cris son prénom, afin qu'elle revienne, mais elle ne le fait, impuissant, je laisse retomber mon bras le long de mon corps. Je donne un coup de pied contre l'arbre en lâchant un juron. Je fais quoi moi maintenant? Ce qui est sûr, c'est que je ne peux pas la laisser toute seule. Clifton Forest n'est pas réputé pour être un lieu serein, puis avec ces barges de chasseurs, elle pourrait se faire tirer dessus comme un lapin. Euh... No comment. Je me dirige au pas vers le chemin que la blonde vient d'emprunter, me disant qu'il ne sert à rien de se presser, que je finirais forcément par la retrouver en portant une oreille attentive à ce qui se passe autour de moi. En effet, au bout d'une dizaine de minute, je la retrouve au sol, en train de se débattre avec je ne sais quoi (sûrement des branches et feuilles pris dans ses cheveux) en criant diverses gros mots. C'est en hésitant longuement que je finis par me pencher face à elle, bras tendu:

- Ça va?

Je comprend à son regard qu'elle refuse mon aide et j'en perd mon sourire en coin. Je soupire et me redresse.

- Tu n'es pas blessée au moins?

Toujours pas de réponse, juste un regard assassin. Nerveux, je me gratte la tête en me trémoussant sur place, je tousse et reprend:

- Écoute, je suis désolé. J'ai cru que...

Que quoi Conner? Qu'elle avait réfléchis à ce que tu lui avais dit il y a plus d'une semaine? Qu'admettre que tu es toujours amoureux d'elle lui ferait oublier tout le mal que tu lui as causé? Lui faire oublier plus de deux ans de silence. Ma voix se brise et je m'arrête là.

Je fuie. Je cours aussi vite que je le peux, me cacher dans la forêt. Et à en voir le battement irrégulier de mon coeur tambouriner aussi fort contre ma poitrine, j'en conclu que jamais je n'ai couru aussi rapidement. Je peux le ressentir. Mes poumons brûlent lorsque je respire, ma respiration est instable. Mais je continue de courir, encore et encore. Toujours plus loin. Parce que je ne pouvais pas supporter de rester devant lui. Affronter son regard. Et surtout mes remords. Parce que j'ai apprécié ce moment. Même que j'ai adoré. Et c'est mal, parce que je suis fiancé. Et parce que je l'aime. Pas vrai ? Avant même que je puisse m'en convaincre, je m'écroule comme une larve au sol et j'hurle plusieurs jurons. Je ne faisais preuve d'aucune classe, mais je m'en fichais parce que je me croyais seule, au milieu de cette forêt. Mais rapidement, j'entends des pas venir vers moi et malgré la noirceur, le reflet de lune illumine son visage. Conner, se tient devant moi, à me regarder comme si j'étais la pire des tarées. C'est vraiment la vie qui se fout de ma gueule là. J'enlève les dernières feuilles de mes cheveux et je laisse mes bras tomber au sol, près de mes jambes et je fais la gueule. Comme une vrai gamine. « Ça va? » Je le fusille du regard. Venait-il réellement de poser cette question ? Moi qui venait de goûter sa peau, avant de presque me fouler la cheville. Je crois que c'était sans aucun doute l'une des questions les plus idiotes qu'il avait osé demander. « Je vais très bien. » Mensonge. Mais j'en voulais pas de son aide. Je ne voulais rien de lui. Je voulais seulement qu'il dégage aussi vite qu'il était arrivé. « Tu n'es pas blessée au moins ? » La meilleure réponse à un con, est le silence. Alors je ferme ma gueule et je l'ignore, parce que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Je me mets en position à genoux, avant de me relever péniblement après avoir essuyer du revers de la main la terre coller sur mes genoux et les derniers bout de branches sur mon costume. L'ignore c'est devenu une habitude chez moi, donc lorsque je prend mon portable pour m'éclairer et me frayer un chemin en toute sécurité, je passe à côté de lui, sans même prendre la peine de le regarder, toujours sous le choc et vénère. Surtout vénère. « Écoute, je suis désolé. J'ai cru que... » Ça en était trop. Je laisse tomber ma résolution de l'ignorer tout le long du trajet jusqu'à la fête, fête dont je n'arrivais même plus à entendre la musique, je me retourne vers lui avant d'hurler; « T'as cru quoi, Conner ? Que j'étais venu pour toi et m'envoyer en l'air contre un arbre ? J'ignorais que t'étais à la fête et sois certain que si j'aurais été au courant, j'y aurais jamais mis un pied. Parce que je veux plus te voir, Conner. Jamais. Est-ce que tu comprends, bordel ? » Puis je respire enfin, en réalisant que j'avais dit tout ça, sans même reprendre mon souffle. Et je m'avance vers lui. Je me plante sous ses yeux qui me fixent vers le bas. Je souris, méchamment. « Me dire que tu m'aimais n'y changera rien. Regarde moi dans les yeux et ose me dire que tu perçois qu'il me reste de l'amour pour toi. » Je suis dure. Je manque de tact. Mais je garde mon sérieux, essayant tant bien que mal de rester de marbre, pour arriver à le convaincre que ses sentiments ne sont pas réciproque. Que pendant deux ans, j'ai espéré qu'il me revienne, qu'il se batte pour me récupérer. Qu'il me prouve qu'il m'aimait réellement. Qu'il était prêt, à enfin vivre notre putain d'histoire d'amour. Parce que dire que c'était pas sincère entre nous, ce serait mentir. On puait les sentiments, l'amour. Mais ça, c'était avant. Avant qu'il foute tout en l'air. Qu'il choisisse Kyle, à moi. Owens, s'il aurait été un vrai pote, jamais il lui aurait mis la pression de choisir entre lui et moi. Parce qu'aussi insensé soit la situation, jamais j'aurais osée demander à Conner de choisir. C'est là, la différence entre lui et moi. C'est un lâche. Et il a tout gâché. Sans m'y attendre, on entend le hurlement d'un loup au loin. Je regarde autour de moi et recule de quelques pas. « Je m'en vais. J'espère que tu te feras dévorer. » Après avoir fait quelque pas, je sent le doute planer dans mon esprit, la panique m'envahir. Me retournant vers Conner, je rebrousse chemin et stop à quelques mètres de lui. « Conner.. Écoute. » Aucun bruit. « Je crois qu'on est perdu. » Et il était bien la dernière personne avec qui je voulais me retrouver, perdu dans les bois. Parce que quel que soit ma volonté de ne pas lui succomber, je ne me faisais pas confiance. Parce que j'étais une vraie mauviette et qu'à cet instant précis, j'avais ce besoin intense de me sentir en sécurité et ses bras était la place idéal. Je le savais, parce qu'autre fois, je m'y trouvais.

Lost

Bunny

Qu'est-ce je n'ai pas fait là? Le regard de la blonde est tellement assassin que je m'en veux presque de lui avoir demandé si tout va bien. Elle prétend que oui, mais je ne suis pas dupe. Le fait qu'elle réagisse comme ça me prouve que ça ne doit toutefois pas être trop grave. J'insiste, au cas où elle ait quelque chose de cassé, mais Bunny se contente de m'ignorer. Dans l'optique de se relever, la blonde commence à s'agiter, en voyant qu'elle prend même le soin d'ignorer le bras que je lui tend, je laisse retomber celui-ci le long de mon corps. Lorsqu'elle éclaire les environs à l'aide de son téléphone, je m'abstiens de tout commentaires, car à ce moment précis je n'ai plus qu'une remarque à lui faire, mais je préfère ne rien dire, car elle le prendrait mal. En effet, la blonde à une grosse trace marron sur la joue et je doute que ça soit de la terre. Bunny passe à côté de moi, tête haute, elle prend tout de même la peine de taper dans mon épaule avec la sienne. Je parie qu'elle c'est fait plus mal que l'inverse, mais encore une fois je tiens ma langue. Je la regarde s'éloigner, totalement impuissant et surtout mal à l'aise, c'est vraiment trop bête d'en arriver là. Comment deux personnes qui se sont autant aimés peuvent arriver à se détester??? Quelques mots m'échappent et aussitôt prononcés, je les regrette, mais le mal est fait et la blonde ne tarde pas à me le faire payer.

« T'as cru quoi, Conner ? Que j'étais venu pour toi et m'envoyer en l'air contre un arbre ? J'ignorais que t'étais à la fête et sois certain que si j'aurais été au courant, j'y aurais jamais mis un pied. Parce que je veux plus te voir, Conner. Jamais. Est-ce que tu comprends, bordel ? »

Elle a l'air d'une folle en disant ça, ses yeux sortent presque de leurs orbites. Jusqu'à présent, je ne pouvais qu'imaginer la haine qu'elle éprouve en mon égard, maintenant j'en ai une brève idée. Elle revient sur ses pas pour me faire face et je baisse le regard. Bunny continue de s'acharner sur moi et j'encaisse, en me taisant. Elle n'a pas besoin de me dire tout ça, au fond je le sais, il n'y a qu'à voir le vent qu'elle m'a foutu l'autre jour chez Chad. On entend un hurlement animal au loin, je tourne la tête vers cette direction en fronçant les sourcils, il me semblait que les loups avaient été éradiqués il y a plusieurs années dans cette forêt. C'est sûrement des jeunes qui font les cons ou alors un simple chien. Lorsque Bunny partage avec moi son souhait, celui-ci étant que je me fasse dévorer, je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. La blonde s'en va et je secoue la tête, la connaissant, elle finira par revenir sur ses pas, pour la simple et bonne raison que cette forêt n'a rien de rassurante pour une fille aussi froussarde. Les bras derrières la tête, je me contente de l'attendre et comme prévu, elle finit finalement par revenir, mon grand sourire de con aux lèvres, j'attend qu'elle admette sa faiblesse.

« Je crois qu'on est perdu. »

Ah. Je ne m'attendais pas à ça. Mon visage perd tout signe de contentement. Sans mot dire, j'attrape le téléphone de Bunny, puisque le miens est complètement à plat. Je cherche le chemin par lequel je suis arrivé, mais impossible de le retrouver. Je m'entête une bonne dizaine de minutes, mais je finis toujours par revenir au même point, c'est-à-dire Bunny, alors je me rend à l'évidence: nous sommes effectivement perdus. Je tend l'oreille, mais les brouhahas de la fête ne se font plus entendre. Je regarde l'écran de l'iphone, qui n'a aucun réseau, donc pour utiliser google maps, c'est cuit.

- Tu fais chier O'Brien.

Oui, parce que après tout, c'est sa faute. J'aurais pu la laisser crever la gueule ouverte, mais je ne suis pas comme ça, alors je l'ai suivis lorsqu'elle piquait sa crise d'ado et voilà où j'en suis. Dans un long soupir je me laisse tomber au sol en position assise.

- Il y a plus qu'à attendre que le jour se lève.

C'est clair que je ne vais pas tourner en rond toute la nuit, éclairé par un vulgaire téléphone. Je ne prête plus la moindre attention à Bunny, puisque de toute façon elle ne veut plus me voir, je ne vois pas pourquoi je prendrais la peine de lui parler. Du bout des bras, je m'évertue à ramener le plus de brindilles possibles à mes pieds. Une fois la chose faite, j'attrape deux cailloux et les tape l'un contre l'autre. Je risque d'y passer la nuit, mais au moins ça m'occupe. Mon petit tas fait peine à voir et il ne me réchauffera pas bien longtemps, enfin encore faut-il que j'arrive à l'allumer. Ça serait tellement plus simple de demander un briquet à Bunny, mais je ne m'abaisserais plus à ça. De toute façon, ce n'est pas à moi de rompre ce silence pesant. C'est marrant aussi parfois de se la jouer roi des casse-couilles qui boude pour rien, j'ai l'impression d'être une fille quand je fais ça. Une chouette hulotte se pose sur un arbre en lâchant un hululement, de ses grands yeux elle me fixe et je la regarde à mon tour. Je dois admettre, que nous ne sommes pas dans l'endroit le plus rassurant sur terre. Mon ventre grogne, j'ai tellement faim ! Je fouille dans ma poche et en sors un restant de space-cake que m'a gentiment préparé Siam plus tôt dans la journée. Est-ce une bonne idée? Assurément pas. C'est pour cette raison que je le sépare en deux et en engloutis ma part. Toujours en silence et sans la regarder, je tend la moitié restante à Bunny.

J'étais prête à partir, à le fuir une seconde fois pour retourner à la fête, retrouver mon fiancé et oublier tout ce qui venait de se passer. Oublier mes lèvres frôlant son cou, ma langue goûtant sa peau et le niveau d'excitation grimper en flèche au niveau de mon bas ventre. J'étais carrément sur le point de faire la pire erreur de ma vie, si je n'avais pas retiré son masque. J'exagère peut-être un peu en qualifiant cet incident, de la pire erreur de ma vie, mais ça s'en approchait. Mais je rebrousse chemin, c'est comme si tout me ramenait toujours à lui. Je suis loin d'être calme, loin d'être rassurer, mais je tente tant bien que mal de rester sur mes gardes, de ne rien démontrer, même si je n'avais même pas besoin de dire quoi que ce soit, puisque mes gestes et les traits de mon visage parlaient pour moi. Parce que j'ai pas besoin de mettre de mot sur mes pensées, parce que je sais qu'il arrive très bien à savoir à quoi je pense. Et tandis que j'ai l'impression que chaque secondes de silence s'étirent, le voilà qu'il me vole mon portable des mains, se mettant ainsi à la recherche du chemin à prendre. Je croise mes bras contre ma poitrine, m'adosse contre un arbre et soupir en le regardant tourner en rond. « Tu perds ton temps, Conner. » Mais il ne m'écoute pas. Il ne m'écoute jamais. Je le regarde, gaspillant mes silences pour feindre l'indifférence, parce que j'ai aucune envie qu'il voit que je panique. Pas seulement d'être perdu, mais surtout d'être seule avec lui. Parce que j'aimerais pouvoir avoir un petit bout de lui, sans jamais avoir à le toucher, à le sentir contre moi, parce que j'ai pas envie de retomber pour lui. Parce que moi seule sais à quel point je suis tombée de haut quand il est partit et j'ai pas envie de revivre ça. Parce que quoi que l'on fasse, même si on tente de faire les choses bien, on arrive jamais à la vivre, notre putain d'histoire d'amour. C'est toujours comme ça; un cercle de malchance constante, qui se répète encore et encore. Sans cesse. Parce qu'il n'y avait pas de place pour moi, dans sa vie. Je reste sur place à le regarder, mais je ne suis pas de glace. Je me perds dans mes pensées, le souvenir de notre nuit tout les deux dans la forêt, d'il y a quelques années, qui refait surface. C'est de la torture, de seulement y penser. Alors je lui en suis secrètement reconnaissante de me changer les idées, lorsqu'il revient vers moi, l'air complètement paumé. « Tu fais chier O'Brien. » Je roule des yeux, à l'entendre parler, tout ça était de ma faute. C'est pas nouveau, il n'admet pratiquement jamais ses tords. « Oh ça va, je t'ai jamais demandé de me suivre. Si tu en es là, c'est entièrement ta faute. J'avais pas besoin qu'on vienne me sauver. » Surtout que Conner était loin de ressembler à un prince sur son cheval blanc, même que je le qualifierais plutôt de; crapaud. « Il y a plus qu'à attendre que le jour se lève. » Je rigole nerveusement. Passer la nuit dans ce froid ? Sans rien à boire ni bouffer ? Passer la nuit seule avec lui ? Plutôt crever. Mais est-ce que j'avais le choix ? Évidement pas. J'ignore sa présence, mais du coin de l'oeil, je peux le voir qui boude, essayant d'allumer un feu avec de vulgaire pierres. J'ai presque envie de me foutre de sa gueule, mais pour bien le faire chier, je décide de me rapprocher et dos à lui, j'empile des brindilles que j'allume à l'aide de mon briquet. Extérieurement je n'ai aucune émotion sur le visage, intérieurement je rigole. Je frotte mes mains ensemble près du feu, même si tout le reste de mon corps se refroidit. J'avais pratiquement pas de bout de tissu pour me couvrir. Costume de merde. Puis, on touche mon épaule. Je tourne un peu la tête et voit, Conner, me tendre un bout de cake. J'hésite quelques secondes avant de le prendre. Il est empoisonné ? On verra bien. « Merci.. » Et je le dévore. C'était agréablement bon, mais j'avais aucune idée de ce qu'il y avait à l'intérieur. Quelques minutes de silence s'en suivent. Je le regarde, son regard me fuie, je soupire et lui fais signe de venir se réchauffer autour de mon feu. « Allez, viens. Mais c'est toi qui s'occupe de le garder allumé. » Je lui fais une place à mes côtés, replis mes jambes contre ma poitrine pour me réchauffer, dépose ma tête sur mes genoux et plante mes iris dans les siens. Je le regarde au plus profond de ses yeux avec insistance, à un tel point que j'ai pratiquement l'impression de pouvoir lire son âme. Et je me mets à réfléchir, sans pouvoir expliquer de vive voix, ce à quoi je pensais en le détaillant du regard. Comment je me sentais et mon orgueil est à blâmer, parce que j'arrive pas à comprendre, comment son amour peut me faire ressentir ce que personne d'autre n'arrive à me faire ressentir. J'arrive pas à comprendre comment mon coeur peut battre si fort lorsqu'il est près de moi, même après deux ans. Et je sais pas si j'arriverais à comprendre un jour. Et même si je le désirais assez fort, ce que je lui ai donné dans le temps, jamais je pourrais le récupérer entièrement; mon coeur. Et merde. Je soupire bruyamment et détourne le regard, fixant désormais les flammes. « C'est à croire que la vie en a, après moi. Deux fois en une semaine, j'espère que ça deviendra pas une habitude. » J'ai le coeur qui se glace, à la seule pensée que je ne le reverrais peut-être plus après cette nuit. Faut savoir ce que tu veux à la fin, Bunny, t'as l'air d'une vrai bipolaire là. Puis, je grelotte, j'ai les dents qui claquent et des frissons sur les bras. C'est connu, la chaleur humaine est le meilleur remède au froid. Sans prendre la peine de lui demander, je lève son bras et le passe autour de ma taille, avant de me faire une place au creux de ses côtes. « Te fait pas trop d'idée, c'est soit ça, soit l'hypothermie. » J’exagérais peut-être un peu le truc, mais j'étais littéralement entrain de congeler sur place. Je soupire, commençant à avoir la tête qui tourne, sans savoir pourquoi. J'avais pas picolée pourtant, ni fumée. « Il datait d'il y a combien de temps ton cake ? J'ai l'impression d'être défoncé. » Je suis loin d'être rapide mentalement, parce que c'est après quelques secondes de réflexions, qu'un doute me traversa l'esprit. « Conner, il y avait quoi dans ce cake ? » Je le regarde en fronçant les sourcils. L'envie d'exploser de rire me démangeaient, mais je me retiens, parce que je savais que j'arriverais plus à m'arrêter.

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