T'es loin de te douter de ce qui t'attends quand tu vas rentrer chez toi. Sinon, tu serais sûrement pas rentrée tout court, t'aurais été trouver refuge chez Chuck, lui tresser les cheveux t'aurais même détendue au passage. Mais non, Bellamy, tu te diriges vers ton appart sans avoir conscience de ce qui t'y attend. De
qui t'y attend. T'as fini le taff plus tard que prévu, merci à ta dernière cliente qui s'est pointée en retard et a en plus fait sa chieuse ! Tu grimpes les marches menant à ton petit chez toi. Cinquième étage sans ascenseur, ça t'fait les fesses, que tu te répètes tous les jours, surtout quand t'as les bras chargés de courses. D'ailleurs ça t'fait penser que ton frigo commence un peu à tirer la gueule. T'es encore dans tes pensées quand soudain...
”Au moins t’as finis par arrivée. Fait des heures que je t’attends sur le pas d’ta porte. J’pense même que ta voisine allait me proposer un café. Tiens c’pour toi. Reine des glaces.” Tu te figes, la dernière marche même pas finie d'être enjambée.
Bordel de merde ! Dans ta tête c'est la débandade, tout se bouscule, t'as toutes tes alarmes qui résonnent dans ton crâne et tu sais plus quoi faire. L'espace d'un instant t'as un mouvement de recul. Peut être que si tu retournes d'où tu viens et remontes, il aura disparu... Ouais non... tu l'sais bien que tu peux plus rien faire pour y échapper. Max est devant toi et tu pourras strictement rien faire pour l'éviter. Il te tend un bouquet de roses, que tu acceptes un peu machinalement, le cerveau encore déconnecté. Ça te prend encore quelques instants pour que tu assimiles la situation.
”Tu m’fais entrer ou j’dois partir? Parce que là, c’est chiant rester planter là, comme deux cons. Et puis j’ai les pieds en compote à force de rester debout à attendre que tu t’pointes le cul.” Tu finis par t'avancer dans le couloir, t'approches de ta porte d'entrée. T'as toujours rien dit, tu sais pas quoi lui dire de toute façon. T'essaies de faire fonctionner tes neurones, de te redonner contenance. On t'avait pourtant bien dit que Maxwell était de retour en ville et qu'il avait posé des questions à ton sujet. Mais t'avais juste pas imaginé qu'il se ramènerait devant ta porte un beau jour, comme ça ! Tu t'arrêtes un instant, farfouilles dans ton sac et au moment où tu sors tes clés, tu te retournes vers lui.
« La dernière fois qu'un de mes ex à poireauté devant ma porte, elle s'est mise à l'insulter en croate, faut croire que ta tête lui revenait. T'as d'la chance. Pas trop mal, au moins t'as sauvé les apparences. Tu parais pas trop cruche, ça compense ton air ahuri d'il y a encore quelques instants.
Rentre. » T'ajoutes, alors que t'as ouvert la porte et que t'es déjà dans ton appartement. Tu respires comme tu peux, tentant de savoir ce qui t'attend désormais. Mais franchement ça te fait flipper de t'imaginer la nature de la conversation qui vous attend. Tu préférerais presque lui refermer la porte sur la gueule et pour dire vrai, t'es presque tentée de le faire quand il passe le palier. Mais tu te retiens, t'es plus une gamine... même si le revoir après tout ce temps, en chair et en os tu veux dire, parce que sa sale tronche t'a poursuivie durant toutes ces années sur des magasines ou sur le net, ça te donne l'impression d'avoir à nouveau seize ans. La seule différence, c'est qu'aujourd'hui ton ventre est plat et que t'as rien à lui avouer.
« Qu'est-ce qui me vaut ta visite, Maxence ? » T'appuies sur son prénom, parce que pour toi, il est toujours cet ado que t'as aimé comme une folle. T'arrives pas à le voir comme Maxwell la star du rap. T'as pas envie d'être impressionnée par ce qu'il est devenu non plus. T'as pas envie de lui donner le dessus de cette manière-là, t'es trop fière Bellamy...