it's like the sun came out (hellias)

Evan n'était pas l'aise. Sa nouvelle famille était étrange. Entre les parents vieux qui le fixait comme s'il était mourant, et ses nouveaux frères et soeurs, Evan n'allait pas. Encore une fois, Byron lui avait interdit d'aller dehors. De traîner avec ses copains. De rentrer après les cours. Et son frère qui s'amusait à lever la main juste devant Evan. Non, il ne voulait pas de ça. Il prit son sac à dos et sortit en douce de la maison. Il ne voulait que Byron le voit. Il n'avait pas besoin de lui à ce moment là. Il avait besoin de quelqu'un d'autres. De quelqu'un de confiance. Hellias. Il savait où il pourrait le trouver. Même si ça le faisait traverser la moitié de la ville, Evan irait là bas.

Installé au fond du bus, le visage collé la fenêtre, Evan réfléchissait. S'il jouait au con, sa famille d'accueil l’exclurait. Et Evan se retrouverait encore sans famille. Sa mère ne reviendrait jamais et l'adolescent commençait à croire qu'elle n'existait pas. Il prit une cigarette et l'alluma, malgré l'air furieux du chauffeur qui le fixait à travers son rétroviseur. Evan le fixa d'un air moqueur et expira la fumée juste devant lui, afin que le chauffeur le voit. Il était comme ça Evan, sans limite. Et il se croyait violent. Comme son père. Il pourrait le taper, s'il le voulait. Lui arracher sa caisse et se barrer avec le fric qu'il donnerait à Hellias. Mais au lieu de ça, il se servit tout simplement dans le sac de la vieille qui était devant lui. Il prit le portefeuille discrètement alors que ce maudit chauffeur ne regardait plus. Il prit les billets, la petite monnaie, tout. Ces maudits riches pouvaient bien donner à ceux qui n'avaient pas d'argent!

Il arriva enfin à son lieu familier. SON quartier. Là où il appartenait. Il chercha dans les alentours, avant de se diriger vers le parc. Son havre de paix. Et soudain, au loin, une masse blonde. Hellias. Il courut jusqu'à lui. Le regard perdu et anxieux à la fois. Evan avait peur. Non pas d'Hellias. Non pas de l'endroit. Il avait cette angoisse qui remontait, parce que les souvenirs remontaient en même temps.

"Hellias...." commença-t-il d'une voix tremblante.

Non, il ne pouvait pas continuer. Ses mots se coincèrent dans sa gorge. Il préféra regarder le sol. Il se sentait incroyablement stupide. Mais peut être bien qu'il l'était.

La voix apaisante d'Hellias se fit entendre et Evan osa poser son regard sur lui. Il devait cesser de trembler comme une feuille.  Il apparaissait comme un être couard et sans défense. Ce n'était pas de sa faute. Toute son enfance, il avait entendu qu'il était bon à rien et qu'il n'arriverait jamais à rien tout seul. Et il était en train de le prouver à Hellias. Aucun mot ne sortirent de sa bouche mais toute sa détresse passait dans son regard. Il mélangeait le passé et le présent. Il cofondait son père avec ce nouveau frère. Sa situation n'était peut être pas si terrible que ça. Peut être qu'il aurait dû ne jamais crier. Il serait resté avec son père. Il ne serait pas avec ces inconnus. Evan détestait l'inconnu, ça faisait peur. Il frissonna. Son regard quitta la vue d'Hellias et il tenta de se calmer. Peine perdue. Peut être qu'il était en train de criser comme quand il était à l'école parfois.

Le jeune garçon fixa de nouveau son aîné. Il avala difficilement sa salive avant de dire :

"Je n'aime .... pas la famille ou je suis... ils me font peur.... "

Encore une fois, Evan apparaissait comme un froussard. Il n'était pas un froussard. Maintenant il était sûr qu'Hellias allait lui dire de partir, qu'il ne voulait pas de lâche dans son genre. C'est ce que son père lui avait dit aussi. Personne ne voudrait de lui, il était trop bébé, trop nul. Et les mots assassins avait blessé au plus profond chaque parcelle de son âme. Bien des années après, Evan n'avait toujours pas confiance en lui. L'affection, il n'avait pas connu ça, il ne savait pas ce que c'était. Il y avait juste Hellias qui l'écoutait quand ça n'allait pas. Ou même quand ça allait. Evan se sentait écouté et il savait maintenant combien ça faisait du bien. Il n'osait jamais parler de l'espoir que sa mère vienne le chercher un jour, parce qu'il avait peur d'apparaître comme un bébé. Il avait 17 ans maintenant. Plus qu'un an et il n'aurait besoin de personne. Alors qu'il se rendit compte qu'il n'avait pas tout dit, il reprit d'une voix plus timide:

"C'est pas les parents.. mais y a le fils Byron... il se prend pour mon père.. A me donner des ordres... Fais pas ci... travaille à l'école ou on te mettra dehors... J'aime pas ça.. Et l'autre fils ...il aime me faire peur. Ca le fait rire quand j'ai peur... Et...."

Sa voix se brisa quand l'angoisse le prit à la gorge. La peur était présente en lui et il partit en crise de nerf. Comme si la colère et la seule violence pouvait apaiser sa peur. Sa voix se fit plus ferme, plus en colère:

"Byron ne veut plus que je te vois! Il dit que tu as une mauvaise influence sur moi! Il veut me priver de tout alors qu'il n'est personne pour moi!"  

Le regard perdu, la peur du moindre geste qu'il pourrait faire, Evan ne savait plus quoi faire. Il aurait voulu recevoir de l'affection d'Hellias. Il avait confiance en lui, il savait qu'il ne lui ferait pas de mal, lui au moins. Pourtant, il le vit s'énerver. Il lui rappelait son père. Sauf que son père s'en prenait à Evan et Hellias. Sauf qu'Evan était inquiet. Apeuré tel un chaton sauvage. Il avait perdu confiance en l'être humain. Il avait perdu confiance en ceux qui voulait l'aider. Il voulait pleurer. Crier. Se cacher, comme avant. Mais Evan resta parfaitement calme en face d'Hellias. Les jambes et les bras tremblants. La boule qui se coinçait dans sa gorge. Tant pis si ce n'était pas ce qu'il voulait faire de suite. Evan se rua dans les bras d'Hellias. D'abord apeuré de voir Hellias le repousser. Puis apeuré de voir la main s'abattre sur lui. Il ferma les yeux, il voulait se sentir en sécurité. Protégé. Personne ne viendrait lui faire du mal. Pas avec Hellias. Evan le savait au fond de lui.

Il garda ses yeux fermés, rien ne se passait. C'était ça l'affection? Ne pas être dans le peur que l'autre vous rejette ou vous frappe. Pourtant l'angoisse était toujours là. Il ne voulait pas rentrer chez sa famille d'accueil. Il ne voulait pas à l'école demain. Il ne voulait rien d'autre que de rester dans un endroit familier. Mais il n'avait pas le choix. Il devait rentrer. De ses bras fragiles et toujours tremblants, Evan s'accrocha à Hellias, comme si on allait l'arracher à lui. Et ces larmes. Les larmes qu'il n'arrivait plus à stopper. Ni même à empêcher de couler. Il passait pour le parfait imbécile, encore une fois. Il avait l'impression qu'il allait fondre comme une glace au soleil. Mais il y avait Hellias. Il allait peut être tomber, s'effondrer comme un château de cartes. Mais il y avait Hellias. Et Byron voulait l'empêcher de le voir. Evan ne le voulait pas.

"Je... suis.. désolé..." lança-t-il dans une sorte de sanglot étouffé qu'il ne voulait pas laisser sortir. On aurait dit un enfant qui faisait un caprice pour avoir un jouet alors qu'il était juste en crise de panique. Les même qui duraient depuis des années. Celles qui cachaient tant bien que mal à tout le monde. Et maintenant Hellias voyait le côté fragile et bébé d'Evan. Le monde d'Evan s'écroulait. Il n'était plus maître de rien. Et dans son angoisse d'être séparé d'Hellias, venait s'ajouter l'angoisse qu'Hellias ne veuille plus jamais le revoir. Et dans cette angoisse là, s'ajoutait celle que son père vienne le récupérer. Et Evan étouffait, suffoquait. Il s'accrochait encore plus à Hellias, histoire de récupérer un peu d'oxygène pour respirer correctement, en vain. Les larmes continuaient à couler malgré lui. Les sanglots étouffaient de plus en plus. Mais Hellias était là encore une fois et il ne l'avait pas encore rejeté. Si seulement il pouvait éclaircir son ciel si noir...  

Le silence le pesait. Mais les mots d'Hellias le rassurait. Evan, le frêle Evan, le brun aux yeux clairs qui demandaient juste à pétiller de malice. Un visage renfermé qui demandait juste à sourire, au moins une fois. Certains avait un destin mieux que d'autres. Mais Hellias ne le repoussait pas. Il était dans ses bras, Evan ne l'aurait jamais imaginé avant. Il n'avait jamais rien imaginé de beau. Car pour lui, ça apparaissait comme beau, ce simple geste d'Hellias. Pris d'un remord soudain, Evan n'osa pas lever son regard vers son ami.Son protecteur. Son...non, Evan n'avait pas le droit d'oser demander ça à Hellias. Il avait juste le droit d'accepter son aide. Et encore il n'était pas sûr d'avoir le droit.

Lorsqu'il posa ses mains sur ses joues, son corps sursauta. Mais non ce n'était pas comme le passé. Hellias était doux, sa main ne faisait pas d'aller retour sur sa joue. Il leva son regard vers lui et il murmura:

"Je ne veux pas y retourner Hellias... je ne sais pas pourquoi on m'a mis en prison là bas... C'est comme si c'était de ma faute si ... si mon père me frappait. Est-ce que c'est de ma faute? C'est pour ça qu'on doit me surveiller?"

L'adolescent semblait enfin se calmer un peu. Il mit la main dans sa poche et lui donna l'argent de la vieille qu'il avait volé dans le bus. Il dit alors:

"Tiens c'est pour toi... c'est ce que j'ai pris dans le bus tout à l'heure.."

Parce qu'il se sentait égoïste, parce qu'il voulait aider Hellias comme il l'aidait, Evan n'avait trouvé que ça. Sa main tremblait encore. Tous ses membres tremblaient de peur. De peur de retourner dans cette maison inconnue, que Byron le pince en train de rentrer et que tout finisse mal.
Il avait peur que le même cauchemar recommence. Que ce soit tout un éternel recommencement parce qu'Evan ne méritait que ça. Mais le frêle Evan se calmait de lui même petit à petit. La crise était partie comme elle était arrivée. Et elle avait emporté avec elle, l'énergie d'Evan.

"Hellias" murmura le gamin une nouvelle fois. " Si j'y retourne, je vais mourir... à cause d'eux.. ou à cause de moi.... je ne sais pas mais je sais que je vais mourir.... je suis déjà en train de mourir..."

Les mots d'Hellias le touchait. Il le rendait heureux au plus profond de lui mais il n'arrivait pas encore à le montrer. Evan c'était juste le gamin abîmé. Celui qui croyait toujours déranger les autres ou que les autres ne l'aime pas. Evan c'était ce regard angélique éteint alors qu'il avait à peine 17 ans. Il avait cru son père, cru que personne ne voudrait s'intéresser à lui,car pas intelligent, bon à rien et tous les mots que son père lui disait. Mais Evan avait Hellias. Il le voyait comme ces super-héros avec une cape. C'était son héros à lui. Il arrivait à effacer toutes les angoisses de son âme. Il arriverait sûrement à effacer aussi tous ses bleus qu'Evan avait l'âme. Il l'espérait. Evan était en admiration devant lui et ce connard de Byron voulait l'empêcher de le voir? Encore quelqu'un qui voulait voir Evan malheureux.

Hellias ne voulait pas de son argent. Tant pis, il lui donnerait un autre jour. Il trouverait un moyen de le lui donner. Parce qu'il voulait être comme les autres. Parfois, Evan, il voulait Hellias pour lui tout seul. Il avait ce sentiment égoïste qu'il ne voudrait rester qu'avec lui. Parfois Evan osait imaginer des trucs qui le rendait coupable l'instant d'après. Hellias, il serait juste son ami. Celui qui l'aiderait en cas de gros coup dur comme en ce moment. Evan c'était juste qu'un môme amoché qui pensait que personne ne l'aimerait. Encore plus s'il aimait les garçons. Evan n'avait pas le droit d'aimer parce qu'il ne savait pas ce que c'était. Il avait toujours connu la violence ou l'indifférence.

Il garda le silence, se contentant de regarder Hellias plein d'espoir et d'admiration. Hellias il était beau selon Evan. Il avait le visage d'un ange. Pas comme lui. Lui n'était que l'un des horribles démons. Un teint pâle, toujours pâle, l'air fatigué de ces nuits où il ne dormait pas. Il était en prison. Et il venait de s'évader. Dans sa tête se formait mille plans. Il pourrait s'évader pour toujours, partir loin. Mais pas sans Hellias. Ni même sans ses autres amis. Il n'avait pas le droit de leur faire ça.

C'est alors qu'Hellias le surprit. Ses mots il n'espérait même pas les entendre. Hellias voulait qu'il reste avec lui. L'ange voulait bien de ce petit démon abject qui était en face de lui. Evan en eut les larmes aux yeux. Non pas de tristesse. Mais de reconnaissance. Alors pour ne pas pleurer, il accepta la cigarette. Les mots restaient coincés dans sa gorge mais son regard en disait long sur sa gratitude. Hellias lui avait sauvé la vie encore une fois. Il l'avait surtout empêché de faire la plus belle connerie du monde. Fuir.

Ce fut quand il eut inspiré et expiré la fumée qu'il put parler enfin. Calmement. Il fixa Hellias et dit:

"Merci. Merci de m'aider... parce que... je me serais barré sinon.... Et comme j'ai pas de téléphone vu qu'ils ne veulent pas que j'en ai un... j'aurais pas pu te le dire... "

Encore une fois, Evan avait l'impression d'être l'enfant. L'enfant de huit ans, apeuré des conséquences de ses moindres mots. L'enfant qui malgré tout, disait toujours la vérité. Surtout à ses amis. Et soudain, il regretta ses mots. Hellias allait surêment lui dire de se démerder. Peut être même qu'il devait penser qu'Evan était un ingrat. Un petit égoïste qui voulait juste se barrer.

Et de nouveau, Evan étouffait. Son coeur se serra. Il inspira une nouvelle bouffée avant de l'expirer. Evan imaginait toujours les scènes les plus horribles qui le mettait dans l'angoisse. Et si Hellias ne voulait plus entendre parler de lui, alors Evan serait au fond du gouffre. Peut être même qu'il demanderait à retourner vers son père. Tant pis s'il le frapperait. Un jour, il finirait bien par arrêter même s'il était trop tard. Son coeur se serra à nouveau, battant trop fort dans sa poitrine.

Si Hellias savait tout ce qu'il pensait, il l'étranglerait. Surtout sa dernière pensée. Il l'avait pensé plein de fois celle là. Le gamin baissa son regard et il dit alors, d'une voix étranglée:

Hellias... est ce que tu me penses égoïste ou alors stupide?"

Il s'arrêta là mais il aurait voulu ajouter, indigne d'intêret. Il aurait voulu ajouter qu'il savait que jamais personne ne l'aimerait. A cette pensée, sa main libre se ferma et se serra au maximum. Il ne voulait pas crier, hurler ou pleurer. Il devait surmonter ça. Si son père le voyait, il se moquerait de lui. Comme il l'avait tant fait. C'était pour ça qu'Evan était aussi peu confiant en lui. C'était pour ça qu'Evan avait peur à chaque mot qu'il prononçait. C'était pour ça qu'il s'accrochait à Hellias et aussi à Arthur. Les deux seuls qui comprenaient.

Il n'osait plus regarder Hellias de peur qu'il ne lise en lui tous les démons qui le tourmentait. Evan avait constamment besoin d'être rassuré. Les gens du foyer avaient dit que ça s'estomperait avec le temps. Connerie. Evan avait toujours peur de tout. Le moindre geste, le moindre mot. Est-ce que c'était pour ça qu'ils l'avaient mis dans une famille qui ne le laissait rien faire et qui le surveillait comme un enfant de 3 ans? Evan n'avait pas besoin de tout ça. Il voulait juste une seule personne et il l'avait. Hellias. Et pourtant Evan était en train de tout gâcher. Comme toujours.

Evan était apeuré. Apeuré d'avoir tout gâché. D'avoir joué à l'imbécile qui parlait trop. Il voulait juste être honnête avec Hellias. Il aurait fuit, se serait enfuit de cet enfer. Car oui, Evan avait l'impression qu'on le détestait. Que tout le monde le détestait. Mais il y avait Hellias. Hellias qui stoppait toute pensée négative. Hellias qui semblait ouvrir un peu de lumière dans le monde si sombre d'Evan. La phrase d'Hellias, il le prit comme un reproche. Et Evan si inquiet d'avoir blessé Hellias, éclata en sanglots. Un enfant. Il était redevenu l'enfant qui pleurait et qui suppliait d'arrêter. Il cacha son visage contre Hellias, tremblant de tous ses membres. La vilaine crise de panique le reprenait. Et il étouffait. Il étouffait comme au lycée, quand il avait cru voir son père. Arthur avait été là et il l'avait calmé. Mais là c'était pas pareil. Il avait froissé Hellias. Et il ne se le pardonnerait jamais. Il ne voulait pas perdre le seul qui réussissait comme un magicien à calmer toutes les peines que son âme blessée montrait chaque jour.

Alors qu'il s'accrochait une nouvelle fois à son ange gardien, Evan entendit au loin la voix d'Hellias. Son ton avait changé. Il n'était plus en colère. Et le monstre qui souhaitait engloutir Evan juste là s'arrêta de l'étouffer. Hellias lui parlait gentiment et la grosse angoisse d'avoir perdu Hellias se calma alors. Il leva son regard embué de larmes. Et Hellias continua à lui parler, et Evan jusque là au bord de finir inanimé dans les bras d'Hellias, se calma encore un peu plus. Il lui aurait sourit s'il le pouvait. Mais tous ses muscles étaient tendus et endoloris. Il tombait de fatigue comme à chaque fois, après des crises d'angoisses. Hellias lui proposa de rester chez lui, il serait en sécurité. Et l'adolescent hocha la tête. Il préférait rester chez Hellias qu'en enfer. D'une voix affaiblie, il répondit:

"Oui je veux rester avec toi... Protège moi de Byron et de son frère..."

C'était une demande. Une supplication. Oui il voulait rester avec lui. Pour toujours.  

Evan se rassurait peu à peu, tel un chaton sauvage qu'Hellias tenterait d'apprivoiser. Il l'avait apprivoiser depuis longtemps son chaton mais le fait d'être dans une famille et de retrouver cette peur d'antan, le faisait redevenir sauvage et apeuré. Evan c'était cet ange trop abîmé pour qu'on veuille de lui. Il avait une tête qui n'inspirait pas confiance, trop voyou, trop enfant des rues. Mais il restait un enfant. Il désespérait. Il regardait le visage de son ange gardien et au fond de lui, quelque chose changeait. Il ne savait pas quoi. Les mots d'Hellian lui faisait du bien. Ils étaient rassurants, positifs. Et pourtant...

Et pourtant, Evan ne savait plus quoi penser. Il allait rester avec Hellias et il était heureux. Mais il ne pouvait pas le montrer à Hellias. Il était rassuré mais il avait peur. Peur qu'on le retrouve et qu'on l'arrache à Hellias. Peur qu'Hellias se lasse d'Evan et le laisse tomber. Evan, c'était celui qui ne croyait plus en rien. Même plus en lui. C'était ce gamin sans rêve. Sans avenir. Sans ambition. Evan c'était le sourire qui lui manquait. Le bonheur. Il voulait enfin y goûter. Mais il ne savait pas ce que c'était.

Et puis y avait encore les traces de son père. Même si les bleus n'étaient plus visible. Même si la douleur physique avait fini par partir. Il y avait toujours cette douleur à l'intérieur. Ces bleus qui ne partiraient jamais. Ce désespoir qui mangeait toute son énergie. Evan c'était juste qu'un tas d'os recouvert de peau. Pourtant il voyait Hellias. Hellias c'était la lumière dans son monde sans électricité. Hellias, c'était celui... celui pour qui il serait capable de tout.

Les mots d'Hellias le réconfortait. Son calin aussi. Pourtant il n'avait pas le droit. Pas le droit de penser à ce qu'il allait faire. Mais il le fit. Il approcha ses lèvres des siennes. Il allait les apposer mais il se recula, l'air affolé, gêné. Son visage habituellement pâle avait pris des teintes rouges. Il n'avait pas le droit.

Persuadé d'avoir encore une fois tout foutu en l'air, Evan s'éloigna. Il fixa le sol et au premier banc de libre, il alla s'asseoir. Ses jambes ne cessaient de vouloir écraser le sol, ce qui fit trembler tout son corps. Ce n'était plus la panique mais la nervosité. Evan était une boule de nerf. Peut être qu'il devait attendre là. Il n'osait pas lever son regard du sol. Il était fichu.   

Alors qu'il s'attendait à des foudres , à des remontrances de l part d'Hellias, celui-ci s'était approché et il l'avait embrassé. Son regard se perdit dans celui d'Hellias. Dans celui d'Evan, on y pouvait lire de la reconnaissance, un nouvel éclat qu'on n'avait jamais vu. Evan, il aurait voulu sourire. Mais il n'y arrivait toujours pas. Juste ça, le rendait différent. Il n'avait jamais connu ça auparavant. Et il était heureux de connaître ça avec Hellias. Evan osa faire, ce qu'il n'avait pas osé faire. Lui rendre le baiser qu'Hellias lui avait donné. Et ça valait plus qu'un sourire. Son corps se détendit enfin. Hellias, c'était Hellias. Et Evan se sentait aussi léger qu'un oiseau. Il voulait sourire pour Hellias. Mais ses lèvres refusaient de bouger.

Alors il se contenta de le fixer avec ce nouvel éclat dans les yeux. Son regard éteint semblait se rallumer. Il ne voulait plus jamais le quitter. Il s'accrochait à Hellias, pour survivre ici, dans ce monde. Et s'il le perdait... Non, Evan ne voulait pas penser à ce qu'il pourrait faire. Il attrapa doucement la main d'Hellias et il murmura alors:

"Promets moi que jamais tu me laisseras tomber... "

Il voulait être rassuré. Parce qu'il angoissait d'être laissé tomber. Il avait peur de tout perdre. Peur de cet inconnu appelé l'avenir. Evan, il ne vivait que sur le passé, ces mauvais souvenirs qui le plongeait un peu plus bas chaque jour. Evan il ne comptait que sur Hellias pour le sauver de ce monde. Et si Hellias venait à ne plus vouloir le voir ou l'aider, alors Evan se laisserait emporter par les ténèbres.    

Et comme toujours Hellias répondait présent. Comme toujours, Hellias trouvait les mots qui rassuraient au plus profond Evan. Et un peu plus, les yeux d'Evan prenaient de la lumière. Un peu plus son regard s'allumait. Et s'il n'avait plus besoin de se poser toutes ces questions sur tout? Et si tout simplement, il devait laisser faire les choses? Evan le voudrait. Il voudrait être comme les autres. Être comme Hellias. Evan l'admirait énormément et ce depuis qu'ils se connaissaient. Plus jeune, Evan le voyait comme son héros. Et aujourd'hui, l'adolescent n'arrivait pas à mettre un nom sur comment il le voyait.

"Moi non plus je te laisserais jamais tomber..."

Evan le fixait tout en murmurant cette phrase. Jamais il ne le laisserait tomber. Il s'était accroché à Hellias parce qu'il était l'un des seuls à lui montrer de l'attention et de l'affection. Chose qu'il attendait depuis sa naissance. Et le cadeau le surprit tout autant qu'il lui plaisait. Il observa le bracelet avec beaucoup d'attention. Il en prendrait soin, comme jamais. Evan aurait voulu lui donner quelque chose en retour mais il n'avait rien. Il embrassa doucement sa joue et il se blottit dans ses bras. C'était tout ce qu'il pouvait lui donner. Son affection, sa gratitude et sa reconnaissance.

"Merci..." souffla-t-il doucement en restant contre Hellias.   

Evan continua de regarder Hellias. Il se permettait de rêver. De rêver qu'Hellias reste à ses côtés à tout jamais. Qu'Hellias le sauve de l'enfer dans lequel il vivait depuis des années. Evan ne voyait que lui, désormais. Même s'il n'avait toujours vu qu'Hellias. Ses mots étaient comme une promesse scellée. Il ne le laisserait jamais seul. Alors le plus jeune fit un geste symbolique. Il attrapa sa main dans la sienne. Oui, parfois, Evan faisait penser à un enfant qui cherchait l'attention d'un adulte. Parfois, il restait tellement silencieux qu'on se demandait s'il n'était pas muet. Evan avait surtout appris à montrer ses ressentis autrement que par la parole. On lui avait interdit de parler. Son père lui avait que si jamais il l'ouvrait, il le tuerait. Alors Evan avait appris a rester silencieux. Seuls ses yeux trahissaient ses émotions.La colère, la tristesse, la joie. Il souriait intérieurement. Il était comme tous ces jeunes de son âge. Heureux. Mais à l'extérieur, son corps refusait de le montrer. Son corps avait honte. Lui aussi peut être.

Alors qu'Hellias proposa de manger, Evan répondit alors:

"Je n'ai pas faim... mais si tu veux manger toi, on peut...."

Sa voix était douce, timide. Evan revenait en arrière. Quand il avait rencontré Hellias pour la première fois. Il l'avait intimidé. Et Evan était de nouveau ce gamin intimidé. Il peinait à croire qu'il avait réussi à se rapprocher d'Hellias. Peut être était-il en train de rêver? Peut être qu'il allait se réveiller et se trouver dans cette chambre impersonnelle, triste. Alors il agrippa la main d'Hellias. Il la gardait précieusement comme s'il avait peur qu'on le sépare de lui. Il regarda les alentours, inquiet. Si Byron le trouvait là... Il ne vit rien. A part une ombre qui semblait les observer. Un ombre avec des yeux de démons. Son père? Evan se blottit une nouvelle fois contre Hellias. Et il passait pour un lâche. Un gamin apeuré. Hellias en aurait marre de lui. A cette pensée, sa gorge se noua. Il ne voulait pas penser ça. Il ne voulait pas détruire ce moment. Alors il regarda une nouvelle fois. Les yeux de démons avaient disparu. Pourtant Evan était toujours terrorisé. Il murmura:

"On peut s'éloigner? J'ai peur.... il y avait des yeux qui nous observait..."

Evan se rendit compte de la stupidité de sa phrase. Et il se détestait encore plus. Il lança un regard inquiet à Hellias. Et s'il déclarait qu'il en avait assez du comportement de bébé d'Evan? Le revoilà plongé dans les mauvais souvenirs. Et instinctivement, il se détacha d'Hellias et il plaça ses bras au dessus de son visage.

"Je suis désolé.... je voulais pas être comme ça..." gémit-il, revivant une scène horrible de son passé.

Il n'arrivait plus à distinguer Hellias. C'était son père qui était là. Et Evan était encore plus qu'apeuré. Il était coincé dans ce passé insoutenable.  

Et une voix amie réconfortante le tira de ses démons. Il sentit des baisers sur ses mains. Et peu à peu, Evan revenait dans le présent. Peu à peu, Evan comprit qu'il était avec Hellias. Il garda sa main dans la sienne pour qu'il l'aide à l'attirer un peu plus dans la réalité. Et il se rapprocha de lui avant de murmurer:

"Hellias... ça me bouffe de l'intérieur.... je... "

Mais il ne finit pas sa phrase. Il préféra rester contre Hellias. Il avait l'impression de revivre. Hellias était la réponse à toute ses questions. Il devait rester avec lui, Hellias ne devait pas partir ailleurs sinon Evan ne serait plus rien. Peut être que déjà il n'était plus rien. Il n'allait pas dire ça à Hellias. Non. Il devait se taire. Ferme la Evan, arrête d'agir en bébé se gronda-t-il. Evan devait grandir mais il n'avait jamais réussi. Il était trop apeuré pour ça. Parfois trop impulsif. Il avait peur d'être comme son père. Il avait peur d'être violent.