who is he ? (evan.)

En ce moment, j’avais un peu la tête ailleurs. Y avait des trucs qui se passaient entre Evan, Arthur, Hellios, et un autre gars qu’Arthur avait qualifié de "taré" à plusieurs reprises. Je n’étais pas le plus au courant et je crois qu’Orion n’était pas plus informé que moi sur le sujet. Putain mais qu’est-ce qu’il se tramait ! Je n’osais pas poser trop de questions à Arthur, j’étais bien trop inquiet pour lui. Ma dernière option pour arriver à connaitre enfin ce qu’il se passait exactement, c’était de coincer Evan et lui demander directement. J’avais donc élaboré un petit plan dans ma tête pendant le dernier cours de la journée : Sortir à toute vitesse de la classe et le chopper à la sortie du lycée.

Mes yeux n’arrivaient pas à se détacher de la pendule qui était accrochée au dessus du tableau. Putain de minutes qui ne passaient pas ! Il restait encore trop de temps avant la fin des cours et je ne tenais déjà plus en place. Mon sang bouillait dans mes veines. Pour m’occuper un peu l’esprit, j’avais décidé de colorier sur le cahier de ma voisine qui s’était endormi. On était au fond de la classe et avec les deux autres qui étaient devant nous, on ne pouvait pas se faire griller par la prof.
J’avais presque terminé de colorier un cheval croisé avec un crocodile quand la sonnerie retenti dans les couloirs, parvenant jusqu’à mes oreilles. Heureusement, j’avais déjà mit toutes mes affaires dans mon sac.

En moins de 10 minutes, j’étais rendu en bas et j’attendais sagement qu’Evan montre le bout de son nez. Il ne pourrait pas m’échapper. En ce moment, on ne parlait pas trop. Il préférait se confier à Arthur… Cette penser me fit soupirer. Est-ce qu’il n’avait pas confiance en moi ? Une tignasse brune apparu dans une foule d’élèves. « Evan ! » avais-je crié assez fort. « Faut qu’on parle. » Je tirais une latte d’une clope que ma voisine de classe m’avait refilée au matin. Je préférais fumer le soir après les cours.

Evan avait peur. Il n'était plus aussi tranquille qu'avant. Il était énervé aussi. Un jour avec Arthur et il apprenait des choses. On l'espionnait. Les cours étaient pareils, sauf que maintenant ce débile de Byron l'accompagnait jusque devant sa classe. Et ça, Evan ne lui pardonnerait jamais. Il était assez grand pour aller en cours. Il n'avait pas besoin que Byron le ridiculise comme ça. La sonnerie libéra Evan d'un horrible cours de maths et le brun se leva le premier. Il s'en fichait bien du contrôle de maths, il s'en fichait bien de ses notes. Il voulait retrouver Hellias et c'était tout. Il prit son sac à dos et sortit de la classe. Sans même un au revoir à personne. Evan avait perdu confiance en tout le monde.
Sauf en Hellias. Il se mêla à la foule des autres élèves et sortit du lycée.
Heureusement qu'il pouvait rentrer seul, sinon Evan aurait déjà fugué.

Soudain, une voix l'appela. Evan fronça les sourcils, il avait envie de parler à personne. Même si c'était James. Le jeune garçon serra la bretelle de son sac et il se mit à courir. Il voulait être seul. Pas parler à James. Ni même Arthur ou Orion. Alors qu'il était plus loin dans la rue, Evan cessa de courir et il reprit une démarche normale. Non, il ne parlerait pas à James. Sinon, il risquait d'avoir une crise. Pas d'angoisse. Mais de nerfs.Comme il avait eu avec Arthur.

S’il y avait bien un truc dont je ne m’étais pas préparer, c’était qu’Evan se casse en courant en me voyant. Mais qu’est-ce qu’il lui prenait bordel ?! J’avais pourtant prit ma douche ce matin. Plus sérieusement, le fait qu’il me fuit n’arrangea pas mon humeur. Je n’étais déjà pas super joyeux en ce moment, mais en plus si l’un de mes amis les plus proches refusait de me voir, j’allais finir par devenir fou. Sans réfléchir vraiment, je me suis mit à le suivre en espérant qu’il n’allait pas aller trop loin. Je pouvais courir, mais pas très longtemps, je me fatiguais beaucoup trop vite. C’est pour cette raison que j’étais dispensé de quelques sports.

Au bout d’un moment, il s’arrêta et c’était temps,  parce que je n’e pouvait plus. Mon cœur battait à mille à l’heure, mes poumons me faisaient mal et je respirais fort, comme si j’avais couru un marathon. J’espérais qu’il ne me pose pas trop de question sur ma performance désastreuse à la course, surtout quand on sait que je passais beaucoup de temps à jouer au foot avant. Tout en reprenant ma respiration, j’avais ma main sur l’épaule d’Evan, ça m’aidais à rester debout. « Putain… ffffuh… Evan.. fffuh. C’est bon, j’ai fais mon sport pour toute la semaine. » Je me redressais en enlevant la sueur qui s’était logée sur mon front. « Pourquoi… t’es partis comme ça ? » Je le regardais avec le regard d’un mec qui ne comprend rien à ce comportement. « Mec… Est-ce que tout va bien ? » J’avais beau être en rogne contre lui, je pouvais ne pas m’empêcher de lui demander quand même de ses nouvelles.

Il pensait être seul. Il pensait pouvoir échapper à James mais la main qui s'apposa sur son épaule le fit sursauter. James l'avait rattrapé. Son regard devint noir et apeuré à la fois. Il repoussa James et il le fixa avec son regard rempli de colère. Le on d'Arthur pouvait être n'importe qui. Même James. Alors il se méfiait. Son ami lui demandait pourquoi il était parti comme ça. S'il savait. Mais non, il ne savait pas. Même Arthur ne savait pas. Ni même Hellias. Le coeur battait dans sa poitrine rien qu'à cette idée. Mais il n'allait rien dire à James. Alors il lança:

"J'avais pas envie d'être encore espionné..." lança-t-il d'un ton amer. Et il s'énerva. Il s'énerva parce qu'il mélangeait tout, parce qu'il avait peur et qu'il en avait marre. Il poussa James loin de lui et il se mit à hurler:

"C'est bon vous avez eu ce que vous voulez? Je n'ai plus le droit de faire ce que je veux? "

Et encore une fois les larmes coulèrent le long de ses joues. Mais ils comprenaient rien. S'ils voulaient qu'il parte, alors il allait le faire.

"Je sais que j'ai pas ma place ici!" hurla-t-il de nouveau. Et tout comme avec Arthur, il avait envie d'abimer le visage de son ami. Mais il n'allait pas le faire parce que ça lui rappelerait trop de mauvais souvenirs. Et James qui lui demandait si ça allait bien. La confiance était rompue. Et Evan avait du mal à retrouver confiance. Alors il lança:

"Parce que ça t'intéresse? "

Il était injuste, Evan. Il était malheureux, apeuré et au bout. Personne ne devait deviner ça. Mais plus ça allait, plus il avait l'impression qu'il perdait tout le monde et qu'il allait mal finir. 

Je ne l’avais jamais vu comme ça. Ce regard noir qu’il me lançait, toute cette haine qu’il jaillissait de par ses paroles et ses expressions. C’était limite si je reconnaissais le Evan avec qui je passais beaucoup de temps au lycée. Est-ce qu’on était toujours des amis ? Est-ce qu’un ami me pousserait de la sorte. Je fronçais les sourcils. « Hé calme-toi ! T’entends quoi par espionner ? » Je ne m’étais pas rendu compte qu’en fait, il parlait de moi. Parce que je n’avais pas l’impression de l’espionner. Je voulais juste savoir la vérité. J’avais juste accepté d’entendre ce qu’Orion avait à dire. J’avais utilisé mes connaissances avec Arthur. Puis Evan se mit à me crier dessus, comme si j’étais un moins que rien. Je serrais les poings. « Putain mec mais qu’est-ce qu’il te prend ? Tu crois que parce que tu t’appelle Evan Winslow t’as le droit de me prendre pour de la merde ?! Redescend sur terre putain ! »

Et il se mit à pleurer. Putain, il pleurait quoi ! Je n’avais jamais vu ce mec pleurer depuis que je le connaissais. Il devait vraiment ne pas être bien dans sa peau. C’était à cause d’Hellias ? Du taré dont Arthur m’avait parlé ? D’un coup, j’avais plus envie de m’engueuler avec lui. Il me faisait de la peine à chialer comme ça. « Evan, on est tes potes, pourquoi tu nous parles pas ? On est comme tes frères, tu le sais très bien. » Ma voix se faisait un peu plus douce, j’avais arrêté de l’élevé aussi fort que lui. La violence ne résous rien.

Je fus un peu sonné par son agressivité. Si ça m’intéressait ? D’accord, je n’étais pas cool de lui en vouloir parce qu’Arthur et lui étaient proches, mais il était mon pote bordel ! Bien sur que ça m’intéressait ! On avait vécu tellement de bons moments tous ensemble. « Evan. Tu ne peux pas rejeter toute ta colère sur moi, t’en est conscient ? Je suis le moins au courant sur ce qu’il se passe en ce moment. T’as pas le droit de m’en vouloir pour quoi que ce soit. » Je fis une courte pause avant de reprendre. « C’est plutôt à nous de t’en vouloir. Arthur s’est fait tabassé, par ta faute. Ou celle de ton copain, ça je ne sais pas. T’as pas le droit de jouer au con. »  

James continuait de lui parler. D'un côté ça le rassurait. Oui James était rassurant dans le sens ou il voulait bien être son ami. Mais Evan était à bout. Il était à bout de tout. Malgré que James lui rappelait leur amitié.
Il avait l'impression qu'il ne faisait pas parti de la bande parfois. Il regarda James, tenta de calmer ses larmes avant de répondre:

"Mais j'en ai rien à faire de moi, bon sang! Je suis désolé de t'avoir parlé comme ça.. c'est juste que je veux pas qu'on m'espionne... "

Et Evan ne se calmait pas. Evan repartait dans ses délires. Lorsque soudain,
James lui dit qu'Arthur avait été agressé. Et on l'accusait lui et Hellias.
La rage le prit. Tant pis s'il était comme son père. Il se punirait lui même.
Il poussa James violemment et il cria:

"Non mais on a rien à voir! C'est pas moi! C'est pas Hellias! Mais je sais pourquoi tu dis ça! On ne vient pas du même monde et ça te dérange!
Je serais jamais comme toi! J'ai pas de famille... et la seule famille qui m'accueille ne veut pas de moi... J'en ai assez de tout ça! Alors viens pas accuser le seul garçon qui a de l’intérêt pour moi et celui qui m'aime pour ce que je suis.... Et si tu crois que c'est moi alors tu es un sacré hypocrite!"

Evan était hors de lui. Il était au bord du gouffre.

Je commençais sérieusement à perdre patience. Evan me parlait comme si je n’avais jamais été son ami, comme si nous, son petit groupe, on n’était pas sa famille. Oui, moi j’avais toujours ma famille, mais il y avait des tonnes de choses que Evan ignorait, comme le fait que mon père n’était pas mon vrai père, et aussi que j’étais malade. Personne n’était au courant, excepté mes parents. Je ne savais pas si j’allais vivre encore longtemps. Peut-être encore un an, peut-être plus. Ou alors c’était l’affaire de quelques mois. Je n’en savais absolument rien. Tout ce dont j’étais sur, c’est que c’était ce cancer qui m’emporterait. Je ne mourrais jamais de vieillesse. Je serrais les dents avant de lui répondre. « Je peux comprendre que tout ça c’est dur ! Je ne savais même pas qu’il y avait des problèmes avec ta famille d’accueil. Pourquoi est-ce que tu garde tout ça pour toi ? On peut tous t’aider à te sentir mieux ! » J’avais tellement de peine pour lui mais il ne se rendait pas compte qu’il faisait comme si toute la misère du monde était sur son dos alors qu’il n’était pas le seul à souffrir. « Je suis désolé si ce que je t’ai dis t’as fait du mal. C’est peut-être de la faute de personne, mais tout ce que je sais, c’est qu’il y a un type qui en veut à Arthur… Je suis très inquiet pour lui. Je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose... » Je baissais la tête. Je ne me pardonnerais jamais si Arthur venait à avoir de graves problèmes. « Tu veux bien m’expliquer ce qu’il se passe ? Ce que tu sais ? » Je soupirais. « Et si tu veux tout savoir, parce que je veux être honnête avec toi, Orion m’a raconté des trucs à propos d’Hellias et toi. Je l’ai écouté juste parce que je… -Je voulais me rapprocher d’Arthur, d’une certaine manière... C’était pas contre toi, j’te jure… »

James lui paraissait sincère alors il se calma. Les crises s'enchaînaient trop à son goût et il avait l'impression de perdre pied. Comme il avait été injuste avec Arthur, il l'était aussi avec James. Bien sûr que James restait son ami. Evan s'inventait des problèmes là où il n'y en avait pas. Il se sentait bon pour l'asile. Il leva enfin le regard vers James et il dit:

" Parce que mes problèmes n'intéressent personne, que vous allez me croire juste trop capricieux et que je devrais être chanceux d'avoir été placé dans une famille d'accueil quand d'autres restent en foyer..."

Evan libérait son sac.Il parlait enfin de tout ce qu'il ressentait. Et son regard fuit celui de James avant de reprendre:

"On a tous des problèmes je le sais... les miens sont pas aussi importants que ça... J'ai plus de mère? Et alors, j'ai réussi à grandir! Et mon père a toujours rejeté la faute sur moi ... ça aussi on s'en fout..."

Et il apprit que le "on" était Orion. Il fronça les sourcils et il serra les poings. "Orion est un abruti! Hellias est quelqu'un de bien! Et je sais pas qui s'en est pris à Arthur! En tout cas c'était pas moi ni même Hellias... Mais Orion... hein... Pourquoi il est pas là avec nous? Pourquoi il essaye de te monter contre moi? Tu crois pas que ça peut être lui? "

J’étais presque triste qu’Evan nous voit de cette manière. Comme si on n’était pas capable de comprendre qu’il n’allait pas bien, comme si on n’était juste pas assez bien pour le comprendre. Pour, moi je comprenais et j’étais de tout cœur avec lui. Mais s’il ne me parlait pas, je n’étais forcément d’aucune aide. « Evan, on est pas comme ça. Tu sais, je suis bien conscient qu’on est tous différents et ta famille d’accueil ne peut pas forcément te plaire ou même l’inverse. C’est comme ça qu’est fait l’être humain. Sinon, tout le monde s’aimerait. Alors non, tu n’es pas forcément chanceux parce que tu peux tomber dans une mauvaise famille. »

Je tentais de le rassurer du mieux que je le pouvais. Je voulais lui prouver que j’étais là pour lui, que j’étais son ami et que j’étais digne de l’être. Peut-être qu’Hellias était un quelqu’un qui l’apaisait plus que nous, mais on avait aussi notre rôle à jouer en tant que proche. « En plus, c’est nous ta vraie famille. » Dis-je avec un petit sourire. Evan continuait à vider son sac. Peut-être que c’était bien qu’il le fasse, parce que garder tout pour soi n’était pas toujours le bon remède. J’en faisais moi-même les frais. « On s’en fou pas. Mais je te connais, t’es quelqu’un de fort et tu sais te battre. Ce que t’as vécu, c’est vraiment horrible, mais t’as su survivre jusque là. Je t’admire tu sais. »

Orion, il allait surement s’en prendre plein la gueule par Evan quand ils se reverraient. Et j’allais surement m’en prendre une parce que c’est de ma faute si maintenant, Evan est au courant qu’Orion l’espionne. « Orion qui s’en prendrait à Arthur ? » Je rigolais jaune. « C’est un peu comme si tu disais qu’un chat pouvait tuer un lion. » Nan, Orion était un petit con oui, mais jamais il s’en prendrait à quelqu’un de notre groupe. Il n’oserait pas. « Je sais pas trop ce qu’il a en tête vis-à-vis de toi, mais j’crois que son problème c’est plutôt Hellias, tu vois ? » Dis-je en arquant un sourcil. « En tout cas, si tu trouve qui a tabassé Arthur, dis le moi. »

Orion était le traître. Orion était celui qui l'espionnait. Mais qu'est-ce qu'il cherchait à la fin? Evan était prêt à exploser. Mais il se contint devant James. Rassuré d'une part que le blond restait son ami, Evan soupira avant de dire:

"Je suis désolé de mon attitude si méfiante... mais... j'ai toujours peur que mon père vienne me chercher... j'ai toujours peur qu'il veuille faire de ma vie en enfer en s'en prenant à tout ce que j'ai de plus cher en ce moment..."

Arthur pouvait en témoigner, Evan avait l'impression de le voir partout. Comme il voyait ce connard de Byron. Byron était la réincarnation de son père version plus jeune. Et Evan détestait Byron. Mais là n'était pas la question. Il fixa James avant de dire:

"En plus, j'étais persuadé que tu me détestais... et j'ai paniqué souvent ... au final pour rien... tes mots viennent de me rassurer..."

Un Evan calme, c'était possible? Oui apparemment. Il devait juste apprendre à se calmer. A éviter de s'inventer des histoires qui l'angoissait. Il avait tellement de choses à découvrir sans se rajouter des angoisses perpétuelles sur tout. Il pensa à Hellias et il rajouta:

"Je te promet que moi et Hellias on connaît personne qui pourrait être aussi méchant.... Arthur s'est fait tabassé à ce que tu m'as dit..."

Evan frissonna. Ce genre de geste, ça ressemblait tellement à son père. Mais il préféra ne pas rester sur sa pensée, ou Evan repartirait en crise.