thanks god. (hestia)

tu détestes les repas de famille. entre ton père, ta mère, ton frangin, les jumeaux, et scar, tu ne sais plus ou donner de la tête. ton paternel qui te casse la tête avec son entreprise, ton frère jaloux qui fait tout pour te descendre. tu retiens un soupir, échangeant quelques sms assez discrètement avec hestia, ta meilleure pote. tu te mords la lèvre et t'empêches de jubiler en lisant son idée. tu poses ton portable sur la table de la cuisine avant de rejoindre ta famille sur la terrasse. quelques minutes plus tard, ton téléphone sonne et tu le récupères, décrochant et jouant parfaitement la comédie. tu raccroches après quelques mots. vraiment désolé, j'ai un travail urgent à rendre à l'université, ça m'était complètement sortit de la tête ! tu viens coller un baiser sur la joue de ta mère. j'suis vraiment désolé, je passerais bientôt promis. tu souffles en récupérant ta veste sans laisser le temps à personne ne pouvoir réagir. tu te retrouves rapidement dans la rue et tu retiens un soupir de soulagement, hestia est vraiment une génie par moment. t'aurais jamais pensé à ça comme excuse pour pouvoir t'éclipser. tu passes une main dans tes cheveux et tu passes au starbucks du coin pour acheter deux boissons - deux cappuccinos - et dans une boulangerie pour en ressortir avec des viennoiseries. il ne te faut ensuite que quelques minutes pour rejoindre l'appartement d'hestia, grimpant les escaliers deux à deux et toquant à la porte assez fortement. tu attends que la jeune femme vienne t'ouvrir. hey, tu m'as vraiment sauvé la vie t'imagines même pas ! tu souffles en entrant dans l'appartement que tu connais comme ta poche. comment ça va ? tu souffles en déposant ce que tu as entre les mains sur la table basse. cappuccino et viennoiseries, j'espère que ça te va comme p'tit déj ! tu souffles en souriant, passant une main dans tes cheveux. quoi de neuf sinon ? tu ajoutes en t'installant dans le canapé.

thanks god,
Hestia adorait mettre au point des plans foireux pour sortir ses potes de la merde. C’était l’une de ses raisons de vivre, avec l’argent et le cappuccino. Ismaël valait tous les sauvetages du monde, surtout s’il lui rapportait du café en guise de récompense. Elle ne daigna pas particulièrement s’habiller, considérant qu’elle avait néanmoins fourni assez d’efforts pour la matinée, et se contenta de son short de coton gris délavé et son tee-shirt blanc en guise de pyjama pour aller lui ouvrir, les cheveux en bataille et les traces de maquillage de la veille souillant encore sa peau pâle. Un sourire illumina son visage quand il passa la porte de l’appartement. « Toujours là pour les frères. » dit-elle dans un petit rire. Elle referma derrière lui et le suivit dans le salon, où il avait pris – et il avait bien raison – la liberté de s’installer. De toute façon, Ismaël était chez lui ici. Lui plus que quiconque. « Ca va. J’ai une gueule de bois monumentale. » Elle se laissa tomber sur le canapé à côté de lui et planta un baiser sur son épaule. « T’es le meilleur, putain. » Hestia s’empara de son cappuccino qu’elle porta à ses lèvres. La première gorgée était toujours un moment d’extase qu’elle savourait avec un plaisir non dissimulé. Elle s’installa mieux dans le canapé, releva ses jambes contre sa poitrine et se lança dans le récit de sa soirée de la veille.

« Je suis sortie boire un verre avec des filles que j’ai rencontrées au boulot hier. Elles avaient l’air sympa, mais en fait je me suis fait chier de ouf. Elles m’ont emmenée dans un endroit snob, le genre que j’aime bien d’habitude, mais là y avait aucune ambiance. Je me faisais tellement chier que j’ai bu beaucoup trop et j’ai fini par me battre et me faire virer du bar. » Pour preuve, elle releva son tee-shirt pour montrer un bleu-violacé d’une taille menaçante. Elle n’était pas du genre à se plaindre de ses bobos et laissa retomber le tissu d’un geste las. En réalité, Hestia ne se souvenait pas vraiment des raisons qui l’avaient poussée à se battre. Elle se rappelait vaguement avoir croisé une connaissance qui l’avait insultée, et le reste était gravé sur son corps et sur sa note de taxi. Elle retrouva le silence quelques instants, pensive, avant de se pencher vers la table pour attraper un croissant dans lequel elle mordit goulument. « Bref, je ne sortirai plus jamais avec des clientes snob de la banque. Et toi alors ? j’espère ta famille ne t’en voudra pas d’être parti. » Parce que même si elle aimait Ismaël plus que sa propre vie, Hestia appréciait aussi sa famille. Elle avait toujours été très bien accueillie, jouant de ses charmes devant eux pour avoir l’air de l’ange que les adultes pensaient qu’elle était. Mais les frères et sœurs, eux, n’étaient pas dupes. Quoi qu’il en soit, la famille Baas était une seconde famille pour elle, et elle ne voulait pas semer la discorde. « Comment était ta soirée ? Je suis désolée de ne pas avoir répondu à tes messages, d’ailleurs. » D’habitude, lorsqu’ils n’étaient pas ensemble, tous deux s’envoyaient quand même tout un tas de textos. Mais la veille, Hestia était bien trop ivre pour réussir à lire ce que lui avait envoyé Isma, puis plus du tout en état. Elle lécha ses doigts puis se pencha vers lui pour mordre dans son propre croissant, l’air malicieux. Il y avait bien longtemps que plus rien n’était ambigu entre eux. Ils avaient dépassé le stade des doutes au moment même où ils s’étaient rencontrés ; oui ils étaient faits pour s’aimer, mais comme des amis, comme un frère et une sœur. Tout était d’autant plus clair maintenant qu’elle connaissait son intérêt pour les hommes, ce qu’elle avait au fond toujours soupçonné. C’était agréable de pouvoir se comporter comme ça avec un être humain sans avoir l’air d’être une garce séductrice. Oui, c’était reposant.